De Rio Grande à Ushuaia
Mardi 10 novembre Rio Grande - Tolhuin 114 km
Je quitte Rio Grande vers 08h00. Le ciel est gris mais il n'y a pas de vent. La route sort de la ville, fait un grand détour puis revient très près et longe l'Atlantique. Elle est très agréable et roulante. Toujours beaucoup de moutons dans les prairies ainsi que les guanacos qui sont très élégants quand ils sautent les clotûres pour se sauver à mon approche. La matinée se passe le long de l'océan, sans vent et c'est très agréable. Après la pause casse croûte, à la mi-parcours, la route quitte l'Atlantique pour partir vers les hauteurs. Le vent commence à souffler et monte rapidement en puissance. Il est frontal et glacé. Pendant 30 km je peine beaucoup à pousser dans d'interminables montées, puis les arbres commencent à apparaitre et je suis un peu protégé du vent dans la descente vers Tolhuin, où j'arrive vers 18h30. Le village est situé à l'extrémité de l'immense lago Fagnano. Je vais directement à la boulangerie car je sais (par d'autres routards) que le patron met gracieusement une chambre à la disposition des cyclistes de passage. Il n'est pas là aujourd'hui, mais son adjoint me reçoit et l'accueil est très cordial. Il m'offre le café et des empanadas pour le repas du soir. C'est vraiment une halte sympa et le patron, Emilio, un type vraiment bien. La boulangerie est très grande et emploie une vingtaine de personnes. Le village ne compte pas beaucoup d'habitants mais les passages sont importants (route d'Ushuaia oblige) et les bus y font leurs pauses obligatoires.
Route le long de l'Atlantique Avant Tolhuin
Mercredi 11 novembre Tolhuin - Ushuaia 107 km
Je pars vers 08h00, après que le boulanger m'ai offert un stock de pain et de petites bouchées. La route est en montagnes russes avec des montées assez raides. Le soleil alterne avec la neige mais il n'y a pas de vent . Je longe le lago Fagnano pendant un long moment puis la route s'élève et arrive au lago Escondido. A partir de là, j'entame l'ascension sur 8 km, du dernier col du parcours, le Paso Garibaldi. La vue est superbe tout au long de la montée et les arrêts photos très nombreux. Arrivé au sommet, je m'arrête en même temps qu'un car de touristes français. On fait des photos, on discute, puis j'attaque la descente. Et c'est là qu'il m'attend !!! Le vent vient me tracasser une dernière fois !!! Asocié à la neige qui tombe maintenant assez fort, il devient vite insupportable, malgré la cagoule et les gants. Je ne vois pas la route même avec les lunettes. C'est interminable car j'ai les mains et les pieds gelés. Mes chaussures imperméables ont failli , le dernier jour et il y a un peu d'eau à l'intérieur...
A 18h45, c'est la délivrance ! J'arrive au panneau indiquant
" BIENVENUDO A LA CIUDAD MAS AUSTRAL DEL MUNDO "
Même le vent et la neige ont faibli pour me laisser apprécier cet instant, où je ne ressens plus la fatigue, mais une immense joie !!!
Il me reste ensuite cinq km sur un ciment pourri pour arriver au centre ville. Je trouve rapidement un hôtel bon marché où je peux me réchauffer (et dégueulasser le hall avec vélo et remorque dégoulinants).
La ville est pleine de touristes de toutes nationalités. Les restos sont bondés et les prix flambent. Je me paie un gros steak et une bonne bouteille de vin argentin pour fêter la fin du périple.
Entre les efforts et le froid, les jambes sont dures et les jours de repos vont faire du bien.
La fin du périple est proche... Lago Escondido
Dernier col à franchir Paso Garibaldi avec des touristes français
Arrivée à Ushuaia (intense joie intérieure)
Jeudi 12 novembre Ushuaia
Le temps est variable, de la neige au soleil et avec le vent toujours présent. Ca ne me dérange plus... Je visite la ville qui est agréable. Le musée du bout du monde est très petit et il y a un peu de tout (histoire du bagne, explorateurs, navigateurs, oiseaux endémiques de Terre de Feu). C'est intéressant, sans plus.
Caroline et Olivier, les géonautes, m'ont donné l'adresse mail de Sandra, qu'ils ont connu lors de leur passage. Je la retrouve à l'Alliance Française et le soir, je dine chez elle, en compagnie de son mari, Mauricio et de leurs quatre enfants. Sandra parle très bien le français dont elle suit les cours de l'Alliance Française. Ils sont tous très gentils et vers minuit, ils me ramènent à mon hôtel. Encore une belle rencontre et en leur compagnie, je n'ai pas vu passer la soirée.
Ushuaia
Vendredi 13 novembre Ushuaia
Le temps aujourd'hui est très mauvais. La neige tombe en abondance et le vent est toujours là. Je vais visiter le musée naval situé dans l'ancien bagne qui a fermé ses portes en 1947. C'est très grand et on retrouve les mêmes thèmes qu'au musée du bout du monde mais beaucoup plus développé et c'est nettement plus intéressant. j'y passe plus de trois heures et après, je rentre me mettre au chaud à l'hôtel car dehors, il gèle. Je rencontre beaucoup de français en vacances, à l'hôtel et à l'extérieur.
Ushuaia
Samedi 14 novembre Ushuaia Visite Parque nacional Tierra del Fuego 51 km (aller-retour)
Je fais la grasse matinée jusqu'à 08h00 et après le desayuno, je sors mon vélo et je file vers le bout de la ruta 3, à Lapataya. Dès la sortie de la ville, le ripio remplace le ciment. Il est très bon et je n'ai que le vélo (la remorque et le chargement sont à l'hôtel), la ballade est donc très agréable. A mi-parcours, j'arrive à l'entrée du parc national de Terre de feu. L'entrée pour les étrangers est chère, mais le parc est sympa. Beaucoup d'arbres mais une seule espèce, les "lingas", qui arrive à pousser sur ces terres hostiles. Tout au long de la route, les miradors permettent d'admirer les lagunas, les barrages de castors et en fin de parcours, la très belle baie de Lapataya. Il y a de nombreux cars de touristes, des voitures argentines et je suis le seul vélo ! A un mirador, je rencontre trois français d'Antibes qui sont en vacances et vont parcourir l'Argentine jusqu'à Salta.
Sur le chemin du retour, je croise le professeur de français de Sandra que j'avais aperçu à l'Alliance française. Il se promène avec son épouse et nous discutons un petit moment. Ils vivent depuis sept ans à Ushuaia et s'y plaisent beaucoup. Je suis de retour en ville vers 15h00 et je vais chez le coiffeur (je ne me faisais plus couper les cheveux pour avoir plus chaud...).
Parque Tierra de Fuego
Parque Tierra de Fuego Bahia Lapataia
Le bout du bout du monde...
Dimanche 15 novembre Ushuaia
Vers 10h00, Sandra, Mauricio et leurs enfants viennent me chercher à l'hôtel pour me faire visiter la région. Nous allons à une soixantaine de km pour voir l'Estancia Haberton, située de l'autre côté de la Cordillère qu'il faut contourner et d'où on peut voir Puerto Williams, au Chili. Cette estancia a été la première à importer des moutons en Terre de Feu et maintenant de nombreux touristes viennent la visiter en bateau depuis Ushuaia. Il y a beaucoup d'espèces d'oiseaux dans les lagunas et Sandra me donnent leurs noms (mais malheureusement, je ne les retiens pas). Ensuite, nous allons pique-niquer sur une aire de camping agréable. Dommage qu'il fasse si froid. Au retour, nous visitons le port et la costanera. Ils me ramènent ensuite à l'hôtel. C'est vraiment une super famille, très chaleureuse ! Mauricio est brasseur et produit une bière artisanale de qualité, la "Cape Horn", qui est excellente. Sandra est chimiste et travaille au labo de l'hôpital d'Ushuaia. Elle a aussi des talents de peintre et donne des cours d'aquarelle. Avec l'apprentissage du français et quatre enfants à élever, elle a des journées chargées... mais toujours le sourire.
Le soir, je fais mon dernier repas argentin dans un très bon resto.
Ici le vent est puissant... Et les castors aussi...
Sandra et ses deux plus jeunes enfants et Mauricio avec le plus grand
Et voila ! l'aventure est terminée. Demain je prends le bus pour Punta Arenas, puis l'avion vers Tahiti. Je rentre en métropole vers le 10 janvier et je travaillerai sur les photos. Avec elles, nous ferons à nouveau le voyage...
A bientôt en France
Gros bisous à tous
Jean