De Belen à Mendoza
Lundi 24 août Belen
Journée de repos consacrée à Internet. Mise à jour du blog et transfert de photos sur clés USB. Je fais mes courses alimentaires pour demain et un peu d'entretien sur le vélo. Je répare une crevaison sur le pneu de la remorque (épine). Je discute un long moment avec un policier, cycliste à ses heures, qui va me chercher son vélo de course dont il est très fier. Ce matin au ptit déj. j'ai croisé deux jeunes toulousains qui visitent le pays avant d'attaquer six mois à la fac à Buenos Aires.
Le soir, je me paye un super resto Parilla. Un "bife chorizo", c'est un énorme morceau de boeuf de 7 cm d'épaisseur, grand comme l'assiette et large des 3/4 bien saignant, je me suis régalé !!! Accompagné d'une grosse assiette de frites et un demi litre de vino tinto et pour finir, un dessert avec beaucoup de miel et de noix et un bon café. C'était excellent ! Le tout pour 45 pesos (9 euros).
Mardi 25 août Belen - Shaqui 113 km
Je pars sous un beau soleil et un léger vent favorable. L'étape va être facile, peu de circulation, un temps idéal et une forme olympique (grace au repas d'hier soir...) Je suis tout seul sur la route jusqu'à la rencontre d'une camionnette Coca Cola. Le chauffeur s'arrête pour discuter un moment et il m'offre quatre bouteilles (coca, fanta et 2 eaux minérales). Dans le village de Londres, un peu plus loin, des jeunes filles font la promotion des produits de la même marque. Elles veulent m'offrir une valisette, mais je suis chargé à bloc. Ensuite plus personne avant San Blas à 90 km et je suis vraiment seul sur la route, en compagnie des oiseaux. Les rapaces me quittent vers le km 50 car il y a 3 carcasses de bovins en bordure de route, pourtant déjà bien "nettoyées" par les charognards. Sur la route ici, ce ne sont pas les chiens écrasés comme en Bolivie, mais des bovins et des chevaux ! Les squelettes sont nickel. Les oiseaux ont fait leur boulot. Plus un gramme de viande, il ne reste que les os et la peau.
Le paysage est désertique. Que des épineux ! C'est monotone et pas joli ! En début d'étape, j'ai vu un vol de perroquets. Ils sont très beaux avec leurs couleurs jaunes et vertes lumineuses et ils sont au moins une centaine à voler ensemble.
A Shaqui (commune de San Blas) la seule hospedaje est assez putride ( je dors dans mon duvet...) et je vais commander mon repas pour 20h00 chez une voisine. Le repas est excellent et surtout, Maria Joséfina, une jeune femme de 30 ans qui souffre d'obésité (elle à beaucoup de difficulté pour marcher) reste avec moi à discuter pendant plus de deux heures. C'est très intéressant. Elle a vécu dans les deux grandes villes du pays, Buenos Aires et Cordoba, et me dit que l'insécurité y est présente alors que dans le petit village de San Blas, on laisse portes et fenêtres ouvertes en toute quiétude. Elle connait tous les lieux à visiter de la région et m'en indique beaucoup sur ma route.
Enfin des arbres... Pause devant le Gauchito Gil
Mercredi 26 août Shaqui - Bivouac Désert Ruta 40 97 km
Dès le départ, j'attaque une côte sérieuse et en ligne droite sur 8 km. C'est déprimant ! Toujours le même décor de chaque côté de la route, épineux en arbustes et en arbres. Aucune vie ne se manifeste si ce n'est quelques oiseaux aux "chants" peu mélodieux. Après 35 km, la route contourne le village de Pituil et j'ai tort de ne pas y aller pour faire le plein d'eau. Ma 2ème erreur est de m'arrêter sous un arbre pour le casse croûte, où je récupère une épine dans le pneu arrière du vélo (1ère crevaison). Quand je répare sur le bas côté de la route, c'est la roue de la remorque qui ramasse à son tour (2ème crevaison). Réparation et quelques km plus loin, de nouveau à plat (3ème crevaison). Je ne répare pas et regonfle tous les 5 km. Vers 18h00, il me reste 15 km (d'après la carte) avant Chilecito et devant moi une longue ligne droite montante. Je décide de bivouaquer dans une petite clairière en bordure de route. En pénétrant sur l'aire, le pneu arrière du vélo hérite de deux nouvelles épines (4ème crevaison). Je répare avec mes chambres à air de rechange. Dans la nuit, j'entends un sifflement désagréable et c'est mon matelas qui est crevé !!! La poisse continue !
Le matin au départ, c'est le pneu avant qui est à plat (il était jaloux) (6ème crevaison). Je répare avec la dernière chambre à air.
Ruta 40 ! morne route ...
Jeudi 27 août Bivouac Ruta 40 - Chilecito 8 km
Je porte vélo et remorque sur le goudron pour le chargement avant départ. Deux km plus loin, dans la longue montée en ligne droite (je déteste !!!), je passe devant un motel... Je m'arrête devant un chantier car les ouvriers me prennent en photo (avec leurs portables) et ils m'aprennent que la ville est toute proche. J'ai campé à 8 km de Chilecito. Ce sera certainement la plus courte étape de tout mon parcours. J'en profite pour faire ma lessive, réparer les cinq chambres à air et le matelas, faire les courses alimentaires et aller sur Internet que l'on ne trouve pas dans les petits villages argentins. Malgré l'hiver,il fait très chaud et j'apprécie beaucoup. La nuit dernière je ne suis entré dans le duvet que vers deux heures du matin tellement la nuit était douce.
J'ai réussi à faire tout ce qui était prévu et j'en suis content.
Ca se rapproche ...
Vendredi 28 août Chilecito - Bivouac Désert Ruta 40 75 km
Je pars vers 09h30 après retrait à la banque. A la sortie de la ville, quand je demande mon chemin, une dame m'offre un gros pain rond (c'est très gentil et très bon...) La route descend jusqu'à Nonogasta puis j'attaque une montée continue sur 35 km, avec des pentes très sévères et les 10 derniers km sur piste en terre. C'est très dur entre la pente et la chaleur et je pousse plus souvent que ce que je roule. Consolation, pendant la montée, le paysage change, la montagne se colore de rouge (le vélo aussi avec la piste...) et les roches prennnent de jolies formes. Une voiture me double et s'arrête et le couple vient faire des photos avec moi. José Luis m'offre un petit pied téléscopique pour mon appareil photo. Ils sont vraiment chouette ces argentins. Après cette dure ascension, suit une belle descente sur piste en terre assez correcte puis sur goudron. Vers 18h00, je m'arrête pour camper en bordure de route et à l'abri du vent car il reste 35 km à faire avant Villa Union. La nuit est douce et tranquille (3 véhicules seulement dans la nuit).
Avec José Luis et son épouse Sculptures naturelles
Samedi 29 août bivouac Ruta 40 - Villa Union 35 km
Pas de crevaison ce matin et je porte vélo et remorque sur le goudron pour le chargement. Ca commence par une ligne droite montante interminable (j'adore !!!). Après 18km j'attaque enfin une belle descente jusqu'à la ville. Il fait très chaud (au moins 35 degrés) et on est en hiver... en janvier ici, c'est la canicule assurée. De 14h00 à 18h00, tous les commerces sont fermés (sieste) et je fais comme eux.
Villa Union n'est pas une ville très accueillante et les habitants ne sont pas très causants pour des argentins. Je répare une nouvelle crevaison sur le pneu de la remorque.
Sur Internet, c'est avec beaucoup de tristesse que j'apprends le décès de Tonton Martin. C'était un homme sage, très érudit et dont les propos pleins de bons sens étaient très écoutés. Son absence va laisser un grand vide auprès de sa famille et dans toute la commune.
Joli décor
Dimanche 30 août Villa Union - Bivouac Désert Ruta 40 90 km
Je démarre par beau temps mais un peu frais car le vent de face est déjà présent. La route est tranquille et plate jusqu'à Guandacol. A partir de là, ça monte et en très longues lignes droites... Ca va durer jusqu'à 17h30 et que je m'arrête pour le bivouac. (50 km de montée, pas très difficile mais sur la longueur, ça use...) Le paysage est sinistre et me rappelle le nord du Pérou. Le même désert avec ses arbustes malingres et en plus ici, de la brume et du vent !
C'est une étape difficile. Sur le bord de la route aujourd'hui, les carcasses de deux chevaux (les animaux, pas la voiture...).
Au bivouac, je marche sur une branche et une énorme épine (5 cm de longueur) traverse la semelle de ma sandale et me perce le talon. Décidément ces épineux sont redoutables et pas que pour les pneus...
Ligne droite interminable...
Lundi 31 août Bivouac Ruta 40 - San José de Jachal 56 km
Après le désormais traditionnel portage sur le goudron, je pars sous un beau soleil. La route est très calme avec une tendance montante pendant 10 km et une descente tranquille ensuite sur 15 km. Je vois encore un cadavre de cheval éclaté, sur le bord de la route. Puis je délaisse la ruta 40 pour une route provinciale magnifique à travers des montagnes multicolores, mais avec des montées de folie (certaines doivent approcher les 15%), heureusement sur de courtes distances. Je suis à San José de Jachal, ville minuscule, vers 14h30 et le premier abord est plus sympa qu'à Villa Union. Ici les gens sont plus ouverts et je discute dès l'arrivée un long moment, avec deux gars très intrigués par mon attelage.
Belles oeuvres de Dame Nature
Mardi 1er septembre San José de Jachal - Bivouac à Talacasto 101 km
Je pars une nouvelle fois avec le vent de face et très froid. Le soleil est caché en partie par de gros nuages blancs. Le décor est identique aux jours précédents, désert avec épineux. C'est moche et lassant ! La route est facile avec montées et descentes assez douces. Pendant toute l'étape,je longe une ancienne voie ferrée et je vois beaucoup de maisons en ruines,dont les murs avec parements de pierre identiques sont très bien conservés.
Vers 16h30, j'arrive à Talacasto, où Luis, un argentin ancien prospecteur minier, a eu la bonne idée d'ouvrir une buvette.
Il tient son commerce depuis 3 mois. Je peux donc déguster une grande cerveza avant d'installer mon campement. Le village est abandonné et toutes les maisons ont leurs toitures et fenêtres détruites. Les murs sont tous en parfait état .Je m'installe sur une grande terrasse à l'abri du vent et cale ma tente avec de grosses pierres. Je suis donc ce soir, l'unique habitant du village car Luis, en bordure de route est légèrement hors du village. Après mon repas, je retourne au kiosko et je discute avec trois consommateurs de passage, qui me renseignent bien. La voie ferrée a été construite par les anglais en 1914 et gérée par eux jusqu'en 1955. Les maisons le long des voies étaient habitées par les anglais qui assuraient l'exploitation des lignes. Les argentins après les avoir virés, ont pris la relève jusqu'en 1980 où tout a été laissé à l'abandon. Avec la fin de la voie ferrée, les villages se sont vidés et les maisons en partie détruites certainement pour éviter les squats. Ca fait bizarre d'être dans un village entièrement déserté. On pense aux occupants précédents qui ont du passer de bons moments dans ces maisons très coquettes avec leurs belles terrasses...
Bivouac dans le village désert Luis devant sa buvette
Mercredi 2 septembre Talacasto -- San Juan 57 km
Le vent ne s'est pas calmé et quand je pars vers 09h15, je l'ai encore de face et toujours aussi froid. La route monte pendant 20 km avec un bon raidillon sur la fin puis c'est une belle descente dans un paysage toujours aussi moche. Au cours de la descente, je passe devant une exploitation minière, ce qui n'arrange rien au décor. Avant l'arrivée à San Juan, la banlieue est minable et les ordures s'étalent dans les champs tout au long de la route. C'est une horreur !!!
La ville est très animée avec beaucoup de monde dans les rues et sur les places. Le trafic automobile y est important et me dérange un peu (je n'ai plus l'habitude).
Jeudi 3 septembre San Juan - Villa Media Agua 57 km
Je sors de la ville avec une circulation très importante et par l'autoroute. Ca se calme après 25 km. Le temps est pourri, de gros nuages noirs emplissent le ciel et la pluie est prévue. Le vent violent, très froid souffle de face. j'atteins péniblement les 10 km/h. Vers midi, je fais ma pause casse croûte à l'abri du vent dans le village de Carpintera. Les jeunes du village très nombreux vont ou reviennent du collège et j'ai bientôt un attroupement autour de moi. Ils sont très sympa et on fait beaucoup de photos ensemble, puis ils se retirent pour me laisser manger et lorsque j'ai terminé, ils reviennnent pour discuter.C'est très chouette et cette jeunesse est vraiment saine. Après echange des e-mails, je reprends ma route contre le vent. Aujourd'hui le décor est plus varié, avec des vignobles, beaucoup de cultures de céréales et d'oliviers et tout de même un peu de désert. Après 56km, je décide de m'arrêter au village de Media Agua, car le vent associé aux lignes droites montantes, m'ont vidé de mon énergie. la seule hospedaje du bled est sordide et ce soir je dors dans mon duvet...
Entre San Juan et Media Agua, il y a des habitations tout au long de la route et de nombreux chiens écrasés. Les argentins roulent très vite et comme dans la France des seventies, (motos sans casque, voitures sans limitation de vitesse, alcool au volant, pas de ceinture de sécurité et pas de gendarmes sur les routes).Toutes les "libertés" qu'on a perdues chez nous, sont présentes ici. Les mesures restrictives existent en Argentine mais ne sont pas appliquées sauf à Buenos Aires où j'ai vu à la télé, des contrôles d'alcoolémie et le seuil toléré est le même que chez nous (0,5 gr).
Dans le village, il y a un point Internet et j'ai la joie d'apprendre que Vaiana a mis au monde un beau bébé et que je suis grand-père !
Carpintera
Vendredi 4 septembre Villa Media Agua - Mendoza 115 km
Avant le départ, je répare une crevaison au pneu avant. Sans le vent la route est beaucoup plus facile. Le temps est toujours maussade et les gros nuages noirs cachent toujours le soleil. Il fait beaucoup moins froid et la route est plate. La circulation est fluide jusqu'à 40 km de l'arrivée, où je me retrouve en enfer. Un trafic routier intense dans les 2 sens sur une route étroite, en légère montée et en ligne droite et avec le vent de face qui fait son apparition. Sur cette portion de route, je vais constater un carnage canin. Pas moins de 30 cadavres de chiens jonchent les bas côtés. Ici un chien errant est condamné, vu la vitesse excessive de tous les véhicules. Les cyclistes doivent faire très attention et ne pas hésiter à aller sur le ripio latéral, quand les camions se croisent...
A 20 km de Mendoza, commence la banlieue. Ca ressemble à une série de bidonvilles alignés et c'est horrible !!! Pire qu'en Bolivie ou au Pérou !!! Des champs d'ordures à perte de vue et les égouts dégoulinent le long de la route avec des odeurs agressives. C'est vraiment indigne d'un pays qui se veut évolué et moderne !!! Mendoza est la 4ème plus grande ville du pays et la 2ème pour la délinquance...
Avant l'arrivée en ville, une voiture s'arrête pour discuter. Le chauffeur me met en garde sur l'insécurité de la zône traversée (muy peligroso !) et m'indique également où je trouverai des hôtels pas trop chers, vers le terminal des bus.
Sur Internet, je découvre les photos de Manoa, mon petit fils (Une merveille !!!)
Demain, repos, visite de la ville et mise à jour du blog.
Mendoza
Voila c'est terminé pour aujourd'hui. Gros bisous à tous et à bientôt pour la suite de mes aventures argentines et dans quelques jours, chiliennes.