De La Quiaca à Belen
Jeudi 13 août La Quiaca - Abra Pampa 76 km
Je pars avec le vent froid et de face. Les faux plats montants alliés au vent rendent cette étape assez difficile. Le paysage est semi-désertique. Quelques lamas et bovins sont en pâture. Changement par rapport aux pays précédents, ici les propriétés sont clôturées, plein de barbelés le long de la route (je déteste les barbelés!!!).
A l'arrivée à Abra Pampa, c'est la veille de la fiesta annuelle et tous les hôtels affichent "complet". Je trouve une chambre dans un boui-boui assez sordide (ce soir je dors dans mon duvet...).
Quand t"es dans le désert....
Vendredi 14 août Abra Pampa - Humahuaca 90 km
Je pars sous un beau soleil et pas de vent. Après 27 km de montée, j'arrive au point culminant indiqué par un panneau à 3780 m. A partir de là tout devient facile. Beaucoup de descentes et le décor change totalement. Fini le paysage morne et lassant des herbes rases et jaunies. La montagne se colore de plusieurs teintes, c'est le début de la Quebrada de Humahuaca, belle vallée longue de 150 km environ. Les formes et les couleurs des montagnes vont varier tout au long de l'étape. C'est magnifique et l'appareil photo qui était au repos depuis la frontière, est enfin de sortie. Au dessus du village de Humahuaca, la montagne rouge vif striée de blanc, fait penser à un immense berlingot...
Ce village très coquet, est rempli de touristes venus pour admirer la quebrada. Dans ma chambre d'hôtel, j'ai droit à un petit chauffage (le luxe).
Point culminant de l'étape Début de la Quebrada de Humahuaca
Samedi 15 août Humahuaca - Tilcara 45 km
La route est descendante, donc facile mais la circulation est importante. Vers 10h00, je franchis le Tropique du Capricorne. La quebrada est toujours aussi belle. Vers 11h30 je suis à Tilcara, petit village qui ne vit que du tourisme. Je campe pour la première fois mais dans un Hôtel-Camping, tenu par Vasco et Tito, deux sympathiques argentins. Vasco a déja fait pas mal de parcours en vélo dans son pays et en Europe. Ils m'invitent à manger avec eux le midi et je me régale aussi bien avec l'excellent repas préparé par Tito que par le vino tinto...
Pour mon premier camping, c'est super chouette et le soir nous sommes très nombreux à table. La convivialité argentine n'est pas du bluff. Parmi les convives, une jeune chamoniarde, Chloe qui séjourne depuis une semaine à l'hôtel.
La Quebrada toujours aussi belle L'art d'utiliser le bon outil...
Dimanche 16 août Tilcara - San Salvador de Jujuy 96 km
Départ vers 09h30 avec le soleil, mais le vent est là aussi. La route toujours descendante est belle dans la quebrada. Je fais un détour de quelques kilomètres pour aller à Pumamarca, admirer la montagne aux sept couleurs. Aujourd'hui je perds 1300 m d'altitude et c'est bon pour le moral (et les mollets...). Vers le km 60, je croise Flore, une jeune parisienne qui va en Bolivie sur un vélo très vétuste et un énorme sac à dos sur le porte bagages. Elle est très courageuse et va en baver avec les côtes à gravir...
A Jujuy, les hôtels du centre ville sont hors de prix, aussi je vais loger à la sortie de la ville où les tarifs sont plus abordables. Le centre ville est assez élégant sinon le reste de la cité est quelconque. C'est dimanche et beaucoup de commerces sont fermés (cà change de la Bolivie ou du Pérou où il n'y a jamais de fermeture).
Pumamarca, c'est superbe ! Flore
Lundi 17 août San Salvador de Jujuy - Salta 100 km
Je démarre en short et T-shirt. Pas très longtemps car il fait froid malgré l'altitude modérée. La route à travers bois est très agréable et je longe quelques beaux lacs. La circulation est très faible mais les montées très nombreuses et certaines sont très rudes. Je passe devant de belles haciendas où les troupeaux de chevaux et bovins sont très nombreux. A Salta je vais séjourner chez Ramon, à la casa ciclista. Il m'a envoyé par mail le détail de la route à suivre et j'y arrive sans me tromper. Ramon est très sympa et Tina sa maman, aussi. Ils ont reçu une foule de cyclistes du monde entier depuis 2004. Le soir après le resto, il y a une petite fête chez eux et ils m'invitent à y participer. C'est très chouette et convivial.
Avant Salta Eau jaillissante très puissante
Mardi 18 août Salta 20 km en ville.
Le matin je pars en vélo avec Ramon jusqu'au magasin de vélos où il travaille. Je lui laisse mon vélo pour lavage, graissage et pose d'un nouveau compteur. Je vais flaner en ville et faire quelques achats. La ville est belle avec de nombreuses églises et beaux batiments coloniaux. Les cafés autour de la place principale rappelle l'Europe. Il fait beau et on y est bien en terrasse. Je récupère un vélo flambant neuf vers 16h30. Ramon a bien travaillé. Le soir je fais un repas d'empeñadas (une dizaine) avec une bonne cerveza et je me régale.
Salta Salta
Tina et Ramon Détails d'un beau clocher
Mercredi 19 août Salta - La Viña 82 km
Je pars vers 09h30 après des adieux chaleureux à Tina et Ramon. Tina m'offre un petit sachet fait au crochet et contenant des chocolats. C'est super gentil. Leur livre d'or regorge de témoignages touchants des cyclistes de passage. Comme à Trujillo avec Lucho, leur accueil désintéressé est un exemple de générosité de la part de gens de condition modeste, qui offrent spontanément. "Muchas gracias Tina y Ramon!".
La route aujourd'hui est facile, peu de relief et peu de circulation. Par endroits, les champs d'oliviers bordant la route, lui donnent un air de Provence... Il y a beaucoup d'oiseaux, de nombreux perroquets, des rapaces et de tous petits qui ressemblent à des moineaux. A la sortie de Salta, un paysan laboure son lopin de terre avec une charrue tractée par un cheval. Plus loin sur une immense propriété, ce sont d'énormes tracteurs qui font le travail. Beaucoup de cultures et de beaux élevages de chevaux et bovins bordent la route. Je vois même quelques gauchos à cheval faire le tour des grandes haciendas. On se croirait dans un western ou à OK Corral...
Sur la route, certains argentins me doublent puis s'arrêtent pour me prendre en photo et nous discutons un petit moment. C'est chouette et ça change de la Bolivie où les gens refusaient le contact.
Autre particularité, depuis que je suis en Argentine, je roule dans la France des années 1970. Il y a une majorité de véhicules francais et principalement Renault. Toute la gamme du constructeur depuis la 4L est sur les routes argentines. Outre les modèles récents, il y a un nombre incalculable de R12 en circulation. Certaines paraissent neuves et d'autres sont des épaves roulantes. Peugeot est aussi très présents avec ses coupés et beaucoup de 504 dans le même état que les R12. J'ai même croisé des 404 et une 403. En Bolivie il n'y a que des véhicules neufs en circulation car seuls les riches ont des voitures, les pauvres prennent le bus. Ici, comme en Europe chacun a un véhicule en fonction de ses moyens. D'où une flopée d'épaves roulantes...
Depuis la frontière, tout au long de la route, de petites mini-chapelles sont érigées en l'honneur de deux saints "profanes" (non reconnus par l'Eglise). Tout d'abord Gauchito Gil, le Robin des Bois argentin qui a vécu au 19ème siècle. Ce gaucho déserteur de l'armée, bandit de grand chemin et justicier populaire, a eu la gorge tranchée par les militaires mais son bourreau est devenu son 1er disciple et a construit la première chapelle (voir sur google à Gauchito Gil pour toute l'histoire). Il est très populaire en Argentine où il est le patron des gauchos et des voyageurs.
L'autre personnage est la Difunta Correa qui a également vécu au 19ème siècle. Elle est partie sur les routes avec son bébé à la recherche de son mari disparu à la guerre. Elle est morte en chemin de soif et de faim. Quand on a retrouvé son corps, le bébé vivait toujours en tétant sa mère morte. C'était son premier miracle. Beaucoup d'argentins la vénèrent au grand dam de l'Eglise qui ne la reconnait pas comme sainte.
Ces deux personnages m'accompagnent tous les jours surtout le Gauchito dont les chapelles très nombreuses sont écarlates et ornées de rubans rouges de la couleur de son sang quand les militaires l'ont exécuté.
Gauchito Gil et la Difunta Correa
Jeudi 20 août La Viña - Cafayate 109 km
A la sortie de La Viña, je longe quelques grandes propriétés puis je traverse une colline sauvage. Après 30 km c'est le déchainement. La montagne explose de formes et de couleurs. Plus aucune végétation dans les vallées Calchaquies mais une oeuvre minérale naturelle vraiment géniale. C'est très beau et ici ils ont baptisé les lieux les plus spectaculaires (garganta del diablo, anfiteatro, catillos, etc.) Beaucoup de touristes étrangers et argentins pour visiter cette merveilleuse quebrada. Avec mon vélo et remorque, j'ai moi aussi beaucoup de succès à chaque arrêt et je suis beaucoup photographié...
La route en montagnes russes et le vent assez fort, me rendent cette étape difficile. Vers le km 80 un panneau indique alojamiento et degustation de vin à 2 km. Je décide d'y aller par une piste pourrie. Qand je demande le prix de la chambre (384 pesos), je repars aussitôt. 30 km plus tard, je suis à Cafayate où l'hôtel ne me coûte que 25 pesos...
La ville est vouée au tourisme avec beaucoup d'hôtels, de restos, de boutiques et d'agences pour les treks.
Magnifiques Vallées Calchaquies
Vendredi 21 août Cafayate - Santa Maria 81 km
Je pars vers 09h30 après passage à la banque. Comme hier la route est en montagnes russes. Je roule sur la mythique "ruta 40" qui traverse l'Argentine du nord au sud. Le paysage est beaucoup moins beau. Quelques vignobles à la sortie de Cafayate puis des collines remplies d'épineux. Je croise quelques gauchos dans les minuscules villages que je traverse. Vers le km 50, la belle route goudronnée file vers Tucuman et la ruta 40 se transforme en une horrible piste de terre et de pierres ( el ripio) toute défoncée (style Bolivie). 4 jeunes francais qui viennent de terminer un stage de travail vers Mendoza et visitent le nord argentin avant de rentrer en France, me préviennnent que mon point de passage pour le Chili, Puente del Inca est sous la neige...
La piste infernale ne dure que 12 km et je retrouve le goudron et les montagnes russes. A 17h30 je suis au camping de Santa Maria, petite ville sans charme particulier. Sur la route aujourd'hui, toujours beaucoup d'oiseaux dont les rapaces qui me survolent (guettant une défaillance....) je vois même un renard qui se chauffe sur le goudron.
La ruta 40 Petit vignoble mais excellent vin...
Samedi 22 août Santa Maria - Quelque part le long de la ruta 40 78 km
Je fais le plein de bouffe avant le départ car ce soir je bivouaque. Je roule peinard sur une route déserte. Record pour moi, j'ai parcouru une ligne droite de 28 km avant le seul virage et 10 km encore après. Les oiseaux sont les seuls compagnons, (même les rapaces...) Plus loin quelques bovins et chèvres gambandent en liberté dans la pampa (sans clôtures). Vers 16h00, un vent violent et de face se met à souffler. Après une heure d'efforts, je décide de planter la tente pour la nuit en contrebas de la route, dans le lit d'une rivière à sec, où je suis en partie abrité du vent. Pour mon 1er bivouac, les conditions météo ne sont pas géniales...
Le vent se calme vers 22h00 et je passe quand même une bonne nuit, la circulation sur la route étant inexistante. Pour le repas du soir, j'ai testé le couscous déshyadraté de chez Décathlon et ce n'est pas bon!!! Heureusement j'ai acheté ce matin un fromage de chèvre qui est excellent.
Premier bivouac Un virage au loin après 28 km de ligne droite
Dimanche 23 août Quelque part le long de la ruta 40 - Belen 99 km
Après le froid du lever du jour, le soleil commence à chauffer lorsque je me mets en route. Pas de vent et circulation nulle, la route est très agréable, mème si le décor de la pampa est monotone. Toujours quelques bovins en liberté et les rapaces qui tournoient. Au km 8, fin du goudron et je me tape 38 km de ripio infernal. Mes pneus excellents sur le goudron, ne valent rien sur ce terrain où ils n'ont aucune accroche. Dans les descentes, c'est un exercice de funambule et dans les montées ça dérape... Heureusement que pour la "ruta de la muerte" en Boivie, j'avais loué une vtt avec de gros crampons car avec mon vélo j'aurais certainement eu des soucis...
Sur la piste, une voiture s'arrête et le chauffeur vient discuter un moment avec moi pendant que sa femme nous prend en photo. Ils sont sympa ces argentins... Vers la fin du ripio, le paysage change et c'est de magnifiques montagnes multicolores qui bordent la route. Je suis très content de retrouver le goudron pour les 50 km qui me séparent de Belen. Avant d'arriver, une voiture s'arrête et les deux passagères m'offrent des fruits. C'est très gentil. Les argentins sont vraiment super...
Belen est un grand village ou une petite ville sans beaucoup de charme là non plus. Je vais y rester 2 jours pour mettre le blog à jour car dans les petits bleds, il n'y a pas Internet.
Alternance de ripio et de goudron dans un décor désertique
Je vais m'arrêter là pour aujourd'hui. Gros bisous à tous et â bientôt pour la suite des aventures argentines.