De Huaraz à Huancayo
Du 17 au 19 juin Huaraz
La ville est assez sympa. Il y a beaucoup d'agences qui proposent toutes sortes de randonnées (vtt, treks, excursions en bus). J'opte pour une journée en bus le jeudi, avec une incursion dans le parc du Huascaran, où nous allons voir la laguna Querococha, à 4100 m d'altitude. C'est très joli et en plus il fait un temps superbe. Nous franchissons ensuite un col à 4515 m pour redescendre sur le site de Chavin de Huantar. Les ruines datent de 1200 av JC et se composent d'espaces cérémoniaux, de structures de temple et d'un réseau de souterrains reliant tous les éléments du site religieux. Le joyau du site est l'emblème de la civilisation Chavin, une sculpture de plus de 4 m de hauteur, en forme de poignard, appelée Lanzon. Dans le bus, je fais la connaissance de Franco et Claudia. Il est Italo-Argentin et elle est Péruvienne. Ils sont en vacances et vivent à Barcelone, en Espagne.
Le lendemain, visite du musée archéologique Ancash, à Huaraz. Belles collections de sculptures de toutes les civilisations pré-incas, quelques momies et des poteries et textiles, c'est assez intéressant.
Le bureau d'informations touristique, très accueillant et compétent (une fois n'est pas coutume...) m'indique qu'il n'existe pas d'hébergement sur le parcours avant La Union et me conseille de prendre le bus.
Dans la soirée, je rencontre Claudia et Franco et nous allons ensemble dans un bon restaurant avant qu'ils reprennent le bus pour Lima.
Laguna Querococha Lama
Plaza de armas à Huaraz Joli banc
Cabeza clava au Chavin de Huantar Parc du Huascaran
Le 20 juin Huaraz - La Union en bus 100 km
J'ai opté pour le bus car je suis un gros fainéant et que le col á 4700 m d'altitude me faisait un peu peur. Après le traditionnel marchandage, vélo et remorque se retouvent sur le toit du bus. Comme le dit Enzo sur Cyclocosmos, au Pérou, Gringo égale Dinero. Nous payons le bus parfois 10 fois plus cher que les locaux.
La route est belle et les paysages sont superbes. On roule un long moment sur un haut plateau sur lequel coule le Rio Santa. Il y a des chevaux et des vaches. Tout est vert mais il n'y a plus un arbre, car nous sommes à plus de 4000m. Ensuite nous longeons des montagnes aux roches multicolores. Avant Huallanca, nous passons un canyon très étroit avec une rivière tumultueuse et des parois très hautes. Je regrette de ne pas être en vélo car j'aurai pu faire des photos superbes...
Avant La Union, plusieurs gisements miniers bordent la route. Je ne sais pas ce qu'ils exploitent, mais c'est super gardé (clôtures, mirador et gardes armés). La Union est une petite ville très moche mais ses habitants sont gentils. Dès que je demande un renseignement, ils sont plusieurs à répondre. A la compagnie de bus où je prends un billet pour demain, je reste près d'une heure à discuter avec les employées. Je fais des progrès en espagnol des Andes...
Le 21 juin La Union - Huanuco en bus 120 km
Le bus est vétuste, les pneus sont lisses et la piste tout le long n'est pas rassurante.Très étroite, un seul véhicule peut y passer et tous les 500 m environ c'est un peu plus large pour permettre les croisements. On ne roule pas très vite. Un ravin très profond la borde sur sa quasi-totalité. On grimpe de très longues côtes suivies de descentes vertigineuses. En vélo, ca doit être très dur car le trafic est important et donc un nuage de poussière permanent. Nous traversons des villages minables. Les maisons en terre sont sales et délabrées et les habitants eux mêmes sont très sales. Une indienne avec son costume et chapeau attend le bus avec ses deux momes. Elle s'accroupit et satisfait un besoin naturel, puis se relève et monte dans le bus. J'en déduit que la tenue traditionnelle indienne ne comporte pas de culotte...
Vers midi, le bus s'arrête devant une gargotte et tous les péruviens prennent des repas qu'ils mangent avec leurs doigts. C'est peu ragoutant et je me contente de mandarines. Bien sur, tout le monde jette ses déchets par terre. Les péruviens sont vraiment de gros dégueulasses!!
A l'arrivée à Huanuco, je fais un excellent repas chinois servi dans la chambre (je n'ai rien compris au baratin du serveur et j'ai dit oui). Il faut dire que je suis à l'hôtel Beijing.
La route de Huanuco
Le 22 juin Huanuco - Huariaca 70 km (enfin à vélo...)
L'étape d'aujourd'hui est assez facile. La montée en altitude se fait en douceur bien qu'il y ait 1100 m de dénivelée. Je remonte le cours d'une rivière et le cadre est joli. Au début il y a de belles cultures de blé, de mais et autres céréales. Les champs sans être immenses, sont nettement plus importants que les micro parcelles qui jalonnaient la montagne les jours précédents. Par contre, le long de la route, de nouveau les ordures avec leurs odeurs nauséabondes. J'ai beaucoup de mal à m'y faire...
Vers midi, je vois un petit resto en paillottes sur le bord de la route et je m'arrête. C'est une pachamanca et on me sert une gamelle contenant d'énormes morceaux de viande, deux pommes de terre et une autre tubercule jaunatre que je ne connais pas, à manger avec les mains, comme hier avec le bus. Hier, je croyais que Pachamanca, c'était le nom du bled...En réalité c'est un repas cuit dans la terre et recouvert de pierres chaudes.
Bien que les morceaux de viande soient bons, ca ne m'emballe pas et en plus c'est cher.
Quand j'arrive á Huarica, c'est la fiesta. Le village fête son patron, San Juan batista. La fete dure 6 jours...
Je loge dans une hospedaje (hotel rustique) très très vétuste, qui héberge également 2 fanfares. Toute la nuit les fanfares défilent sans interruption et accompagnées de pétards. Le sommeil a donc été bref.
La fiesta a un effet bénéfique car la plupart des riverains de ce village-rue, repeignent leurs facades à cette occasion.
S'il n'y avait pas les ordures qui trainent cà et là, ce serait presque agréable.
Avant Huariaca
Le 23 juin Huariaca - Cerro de Pasco 46 km en vélo puis 10 km en bus
Après cette courte nuit, j'assiste à mon départ au défilé des 5 fanfares. les fétards ne sont pas très frais mais très gentils. Certains me prennent en photo, d'autres me donnent des conseils et un dernier m'offre une bouteille d'alcool spéciale Fiesta de la San Juan 2009. Il me dit que c'est bon pour les maux de tête causés par l'altitude. C'est sûr que si j'en bois, j'aurai le mal de tête même sans l'altitude...
La route grimpe tout au long de l'étape. Je plafonne à 6 km/h. A 3500 m, je mache quelques feuilles de coca car je commence à manquer de souffle. Je ne sais pas si c'est psychologique, mais ca va mieux. UNe vingtaine de km plus loin, je n'en peux plus. Je m'arrête tous les 100 m pour reprendre mon souffle. Je dois être à 4200 m d'altitude,quand arrive un bus. Je lui fais signe, le vélo va sur le toit, la remorque dans la soute et moi dans le bus bien au chaud à côté du moteur. Pour les 10 km que je fais en bus en une demi-heure, j'aurai mis plus de 2 heures en vélo.
A la descente du bus, je fais connaissance avec Javier, un jeune péruvien, qui m'aide à accrocher la remorque et me guide jusqu'à un hôtel. Il habite avec femme et enfants juste à côté du terminal des bus. Un peu plus tard, il me fait visiter la petite ville et son immense mine. Pasco est une ville créée par la société minière au 19ème siècle. La ville vit donc pour la mine et par la mine. Elle n'est pas jolie et surtout il y fait très froid, à 4400 m d'altitude. Le soir je vais chercher un peu de chaleur dans une polleria, où je mange juste à côté du four à poulets. Je suis au lit à 20h00, sous 5 couvertures en laine.
Le 24 juin Cerro de Pasco - Junin 78 km
Il neige quand je quitte Cerro de Pasco. Ma tenue hivernale est efficace et je n'ai pas froid. Au bout d'une heure, la neige cesse mais le ciel reste bien chargé. Je roule toute la journée sur un haut plateau à 4300 m d'altitude. Comme il n'y a pas de difficulté, j'arrive sans peine à conserver mon souffle. Je chemine au milieu des alpages. Il y a beaucoup de moutons et des vaches et je vois aussi mon premier troupeau de vigognes. Je longe pendant un long moment le lac Junin, qui est magnifique avec des iles composées que d'herbages. Quand j'arrive à Junin, c'est aussi la fiesta. Ils sont moins bruyants qu'à Huariaca, il faut dire que le froid est dissuasif, on est à 4105 m d'altitude. Le soir, je dine dans un micro resto (il n'y a que 3 tables). Les enfants d'abord intimidés, viennent ensuite me poser des questions. Je leur traduis leurs prénoms en francais. Ils vont chercher crayon et papier et pendant une bonne demi heure tous les prénoms de leurs familles et amis y passent. Ensuite, je file au lit et comme hier, à 20h00 je suis au chaud sous les couvertures.
Depuis le départ de Quito, je n'ai pas encore parlé du problème des chiens, dans ces pays andins. Ils sont d'une stupidité déconcertante. Dès qu'ils voient un vélo, ils arrivent à une vitesse folle en aboyant. Il ne faut surtout pas essayer de les prendre de vitesse, ils sont très rapides et c'est là que surviennent les morsures. Moi, dès qu'ils arrivent à ma hauteur, je m'arrête, je les insulte bruyamment et c'est souvent suffisant. Au début, je leur jetais des pierres, mais maintenant je réserve cette opportunité pour les plus hargneux. Ce matin j'ai eu le plus dangereux depuis Quito. Un très gros chien toutes dents dehors, qui ne s'est pas sauvé malgré les jets de pierres. L'affrontement a duré dix minutes et heureusement il y avait le vélo entre nous. Ca a été très long. Puis une pierre l'a frôlé et il s'est jeté dessus pour la mordre et il s'est un peu calmé. J'en ai profité pour partir en poussant le vélo. C'est la première fois que c'est si difficile. Dommage qu'on m'ait volé ma bombe au poivre en Equateur. Souvent ils arrivent en bande, mais il suffit de mettre en fuite le premier arrivé et derrière c'est la débandade. Et c'est tous les jours...
Avant Junin Lac Junin
Le 25 juin Junin - La Oroya 57 km
Après mon ptit dej dans la chambre, je pars pour une étape facile. 25 km sur le haut plateau puis je descend le cours d'une petite rivière. Les mineurs de La Oroya ont dressés des barrages sur la route depuis 3 jours et la police arrêtent les camions dans les villes en aval. Hélas pour moi les barrages sont levés vers 10h00 et c'est la ruée. Tous les poids lourds bloqués se bousculent sur la route. J'ai beau rouler sur la bande latérale, certains de ces connards me frôlent de si près, que si je ne freine pas, je me retrouve au fossé.
La Oroya est une ville minière. Elle est aussi très moche. Elle se proclame fièrement sur une grosse pancarte, capitale métallurgique du Pérou et de l'Amérique du sud. Les montagnes tout autour ont été raclées et plus la moindre trace de végétation.Ici, une grosse entreprise américaine exploite l'extraction du plomb, du cuivre et du zinc. C'est la ville la plus polluée au monde par les métaux. (taper La Oroya sur google, c'est instructif). Quand on voit passer les mineurs, c'est Germinal... Certains jours les cheminées de l'usine crachent des fumées sulfureuses qui incommodent les gens de passage, car les habitants de la ville défendent leur usine qui les nourrit (et qui les tue).
La Oroya Jolie rivière hélas très polluée
Le 26 juin La Oroya - Jauja 85 km
Encore une étape facile en descendant le long du Rio Mantero. L'eau claire d'hier, après le passage à l'usine a aujourd'hui une triste couleur, chargée de tous les métaux toxiques. La montagne est raclée et aucune trace de vie. D'immenses dunes noiratres, résidus de l'exploitation minière bordent la route, c'est sinistre. Il y a très peu de circulation et aucun village. Pendant une heure je suis seul au monde...
Après une vingtaine de km la végétation revient sous forme d'alpages. les moutons sont nombreux et quelques chevaux en liberté gambadent sur la route. Les bus refont leur apparition, je ne suis plus seul...
Vers midi, je m'arrête dans un resto au bord de la rivière où des tonnelles abritent les tables. Il fait beau et c'est très agréable. C'est encore une pachamanca... mais ce coup ci, j'ai droit à des couverts et c'est très bon.
En arrivant à Jauja, première capitale du Pérou et première ville créée par Pisaro, je demande mon chemin et c'est un francais, Romain, qui me renseigne. Il vit ici avec son épouse Tatiana. Il a fait à pieds le chemin de l'Inca depuis la Colombie jusqu'à Jauja, en solo, puis avec Tatiana, ils ont continué pendant un an, avec 2 lamas et 2 chiens, sur les traces des incas. Il m'indique l'adresse d'un hôtel tenu par un francais, Bruno. L'hôtel est super chouette, un grand patio entouré par les chambres. C'est très convivial et Bruno est très sympa. Il a vécu 20 ans aux USA puis en Colombie et depuis 7 ans au Pérou. Dans son salon, il y a un chauffage au bois et il y fait chaud. Ca fait du bien de temps en temps de retrouver un confort à la francaise... Romain et Tatiana viennent me voir et nous discutons longuement sur nos parcours respectifs. Romain est très érudit sur la civilisation inca. Je vais mettre son site sur mes liens car il est très intéressant. Dans la soirée, avec Bruno nous avons aussi une longue conversation. Je suis au lit vers 23h00 mais il faisait si bon devant le chauffage...
Le Rio Mantaro Petit resto sympa
Jauja Tatiana, Romain et Bruno
Le 27 juin Jauja - Huancayo 50 km
Bruno m'a préparé un super ptit dej et je prends la route vers 08h30, bien repu. L'étape est rès facile, toujours le long du Rio Mantero. Le ciel est maussade, aussi j'ai encore ma tenue d'hiver. A mi-parcours, le temps se met au beau et j'enlève goretex et gants d'hiver. Tout au long de la route, il y a beaucoup de cultures. Du mais, du riz, des artichauts, des pommes de terre et d'autres que je ne connais pas. J'espère que tous les métaux lourds qui ont pollué la rivière à La Oroya, se sont déposés en cours de route car sinon toutes ces cultures risquent d'être très nocives.
J'arrive à Huancayo, 4ème ville du Pérou vers midi. Grace aux indications de Bruno, je trouve un hôtel pas cher dans le centre ville.
J'arrête là mon baratin pour aujourd'hui. Grosses bises à tous.