De Huaquillas à Piura
Vendredi 5 juin Huaquillas - Zorritos 71 km
Les formalités de sortie d'Equateur et d'entrée au Pérou se font sans problème et très rapidement (miracle). Je me fais arnaquer au bureau de change car je ne connaissais pas la valeur de la sole par rapport au dollar. La ville de Huaquillas est partagée entre les deux pays et on sait quand on passe au Pérou quand on voit la flopée de mototaxis qui sillonent les rues. Au fil de la descente, la végétation se raréfie mais sinon toujours les innombrables déchets qui jonchent les routes et avec la chaleur ça pue !!! Je traverse la ville de Tumbes touristique et très animée dans son centre et 20 km plus loin, je retrouve l'Océan Pacifique. Je vais le longer pendant 2 jours. Je passe ensuite à Zorritos, autre station pour touristes. Comme d'habitude, une banlieue horrible et interminable puis un joli village avec la place centrale très animée. 3 km plus loin, sur le bord de la route, l'hôtel Montagne-Playa est signalé par 3 drapeaux, le péruvien, l´équatorien et le français. J'y fais la connaissance de Jean-Jacques, un charentais établi ici depuis 3 ans et de sa compagne, Carolina, une jolie péruvienne. Le couple est très sympa et ils me font un tarif spécial routard. Je m'installe dans une des cinq chambres très confortable et qui sent bon le bois. C'est Jean Jacques qui a entièrement construit son établissement, chambres, cuisine très spacieuse et fonctionnelle, piscine et une super terrasse avec vue sur le Pacifique. Je prends mon premier bain dans l'océan et j'assiste à un très beau coucher de soleil. Le soir nous faisons un excellent repas de langoustes grillées accomodées d'une sauce dont JJ a le secret, accompagnées de vin blanc du Chili puis ensuite un bon gateau. Il me fait également gouter aux liqueurs et vin de maracuja quil fabrique et c'est aussi très bon. Son hôtel mériterait un meilleur sort car depuis janvier les clients sont plus que rares (crise économique ? isolement ?) . Il l'a mis en vente pour aller sous d'autres cieux.
Hôtel Montagne et Playa Carolina et Jean Jacques
Samedi 6 juin Zorritos - Mancora 74 km
Après une bonne nuit dans le calme absolu et un ptit déj à la française, je me mets en chemin. Il y a peu de trafic routier et aucune difficulté dans cette étape facile. La végétation est très rabougrie. Tout est sec et les maigres arbustes sont gris. Heureusement de l'autre côté, il y a l'océan. Sur ces terres pourtant hostiles, une multitude d'oiseaux de toutes sortes sont présents. Des tout petits aux couleurs éclatantes, ( jaune, rouge et vert ) des frégates, des hérons (je crois...) blancs et noirs. Il y a aussi de gros oiseaux noirs qui sont magnifiques en vol, on dirait des petits condors avec les plumes déployées aux bouts des ailes. Dès qu'ils sont posés par contre ils sont très laids avec des petites têtes de poules. A Mancora, devant le distributeur de billets, je fais la connaissance de Manuela, qui comme son prénom ne l'indique pas, est hollandaise et vit ici en famille. Leur aventure n'est pas banale. Ils sont partis du chili il y a 3 ans pour un tour du monde sur un voilier. Ils ont malheureusement fait naufrage sur la côte équatorienne et toutes leurs économies sont passées pour renflouer le bateau. Maintenant, ils font des sorties à la journée pour les touristes, le long des côtes du Pérou.
Manuela me guide vers un hôtel correct et abordable car Mancora est un peu le St Tropez péruvien. Tout y est cher
et les touristes très nombreux. Il y a plein de boites de nuits et de restos.
Pour le soutien au valeureux cycliste,les péruviens sont aussi sympa qu'en Equateur. Ici aussi la police m'encourage. Je passe tranquille les contrôles de douane et les péages sans être arrêté.
Mancora
Dimanche 7 juin Mancora - Sullaña 88 km en vélo puis la fin sur un camion.
Je démarre une nouvelle fois sans desayuno (tout fermé). Dès le départ, une forte montée mais pas très longue. Ca se corse une heure plus tard, avec une très forte ascension sur 5 km avec une chaleur suffocante. Au sommet, j'arrive sur un long plateau et le vent fait son apparition. La route, en faux plat montant plus le vent m'obligent à un effort constant, il n'y a pas un nuage et le soleil cogne dur. Le paysage est encore pire que la veille. L'océan n'est plus là et les puits de pétrole très laids sont souvent le seul décor. Les rares arbustes sont tout desséchés. C'est définitif, je n'aime pas le désert !!! Il n'y a aucun patelin sur cette route. Heureusement, au milieu de nulle part, une baraque en bois vend des boissons. Je refais le plein deau car j'avais fini mes 2 gourdes. Le village où j'avais prévu de faire étape n'existe que sur la carte. J'interroge le chauffeur d'un camion arrêté et juste à ce moment la patte de dérailleur endommagée par les guignols à Santa Isabel, se casse et le dérailleur pendouille lamentablement. Je demande au camion de m'emmener jusqu'au prochain village et il me laisse une heure plus tard, à Sullaña. Une fillette me guide jusqu'au premier hôtel. Il est 17h00, je suis fatigué et je verrai demain pour réparer.
Route hostile dans le désert
Lundi 8 juin Sullaña - Piura 40 km
Très tôt, je démonte la pièce défectueuse et je saute dans une mototaxi pour aller au centre ville distant de 5 km.
Dans le seul magasin de vélos, je trouve une patte différente de la mienne mais c'est la seule ( et non ! Lapierre n'existe pas au Pérou!). Au montage, ce n'est pas bon. La pièce est trop grosse et ne rentre pas dans le logement révu sur le vélo. Un gars sympa qui me regarde bricoler, m'emmène chez un copain et après meulage et perçage, la pièce est en place et ça tient. Le tout m'aura coûté 10 soles (2,5 euros) entre l'achat, les trajets en mototaxi et le bricoleur. C'est vraiment très bon marché.
Je quitte Sullaña à 10h00 avec le vent qui se lève (défavorable comme toujours...). La végétation a évolué et aujourd'hui il y a du vert et même des arbres par endroits. Par contre aucun patelin sur 40 km. Quelques baraques en terre battue et c'est tout. Je n'ai pas déjeuné (fermé) et je suis fatigué à cause du désert d'hier. Heureusement l'étape est courte. J'arrive à Piura vers 14h00. La ville est importante mais pas très jolie.
Comme je suis faché avec le désert, j'ai décidé de neutraliser complètement le désert de Séchura (420 km) et demain je prends le bus pour Trujillo.
Mardi 9 juin Piura - Trujillo en bus
Dans la matinée, je flane en ville et à 13h00 je prends le bus. Le trajet confirme que j'ai fait le bon choix, surtout sur les 200 premiers km où il n'y a que du sable à perte de vue et aucun patelin. A 19h30, nous arrivons à Trujillo et grace aux renseignements glanés sur Internet, j'arrive sans encombre à la casa de cyclistas, chez Lucho. Je suis le 1133ème routard à vélo à faire étape chez lui. Comme la casa est pleine, il m'emmene dans sa propre maison qui est minuscule et où il vit avec sa femme et ses deux enfants. Je campe dans la salle à manger en attendant demain où une place va se libérer à la casa de cyclistas.
Lucho a 44 ans mais quand on le voit on lui en donne la moitié. Il est amoureux du vélo et après avoir fait des compétitions, il est maintenant organisateur. En 2000, un groupe de français lui avait payé le déplacement en France pour qu'il assiste au tour de France. Quand les dirigeants du tour de France l'ont su, il a été invité dans la caravane et il a pu suivre tout le tour en direct. Il en parle encore avec émerveillement.
Dans la casa il y a 3 brésiliens, une américaine, 2 canadiens et 3 francais (avec moi).
Je vais rester 3 jours à Trujillo pour visiter quelques sites historiques et préparer les étapes de montagne qui vont arriver.
Lucho Lance
Besos à todos, hasta luego.